Prospective

Publié le par Sandra Poulain

"On ne subit pas l'avenir, on le fait." A une époque où l'incertitude domine, où nos lendemains ne sont pas partis pour chanter, ce mot de Bernanos fait sens. Sonder l'après s'impose plus que jamais à nous, dans un monde en pleine mutation, fragilisé au point qu'il faudra bientôt l'équivalent de deux planètes et demi pour permettre à l'humanité proliférante de subsister.

 

Nombreux sont, fort heureusement, ceux qui se penchent - dans la sphère des prescripteurs d'idées, sur la prospective, cette science de l'avenir qu'il devient urgent d'investir en masse. Le premier numéro d'octobre de Telerama aborde les mouvements "slow", en rupture avec l'accélération perpétuelle, étourdissante et déroutante de nos rythmes de vie. On y découvre la "slow food", la "slow education", ou encore ces "sleep box" offrant le répit du sommeil dans les halls de gare ou d'aéroport... "Quelle civilisation nouvelle, façonnée à l'aune du court-termisme et de l'urgence, sommes-nous donc en train d'engendrer?", interroge Lorraine Rossignol. Et la sociologue Nicole Aubert d'expliquer : "Puisqu'il n'y a rien pour nous montrer la direction, et que tout se joue à l'échelle de notre vie terrestre, nous cherchons à vivre par l'intensité de nous-mêmes : la quête d'intensité a remplacé la quête d'éternité. D'où cette fièvre, et l'impératif d'aller toujours plus vite. Comme si cette obligation était en elle-même porteuse de sens."...

 

Chez Actes Sud, la nouvelle collection "Domaine du possible" met en lumière les initiatives (nombreuses) de par le monde, pourvoyeuses de changement, alternatives opportunes au chaos qui nous guette.

 

Déjà, en 2009, l'interpellation familière d'N.K.-M. chez Gallimard nous invitait à réfléchir à un demain "traversé par l'écologie et le numérique". L'ouvrage est sérieux, incitatif. Il fait aussi - ce qui ne gâche rien! - la part belle aux femmes, dont "la place dans la galerie des prophètes et dans la société tout entière est encore suffisamment incertaine." Et la ministre d'ajouter, lucide et vaillante : "Il faut bien ruser avec l'ordre établi, pour finalement être entendue." Le vieillissement de notre société moderne, l'individualisme galopant, le repli sur soi, sont autant d'entraves à ce qu'elle définit comme "l'obligation de réfléchir ensemble au monde qui vient, d'investir les modes de vie qui permettront d'affronter l'urgence environnementale et le conflit des nations pour vivre mieux."

 

Si le sain féminisme de Madame Kosciusko-Morizet (qui me dédicaça ce livre un jour de fête des mères) n'est pas pour me déplaire, seul le hasard de mes lectures m'a amenée ici à ne citer que des femmes. Mais puisqu'il s'agit de prospective, comment pourrais-je faire l'impasse d'un autre ouvrage, beaucoup plus volumineux (580 pages dont je ne suis pas encore venue à bout - je l'avoue), cette fois émanant d'un homme, et pas n'importe lequel! Jeremy Rifkin, l'un des plus grands penseurs américains du moment, président de la Fondation sur les tendances économiques, déroule "Une nouvelle conscience pour un monde en crise", dont le sous-titre - "Vers une civilisation de l'empathie" - interpelle pour le moins. En convoquant l'histoire de notre civilisation, dont les mutations ont selon lui émergé de l'altruisme humain, et à l'appui d'expériences édifiantes (comme ces très jeunes enfants ramassant le livre tombé accidentellement et ignorant celui jeté volontairement), Rifkin mise sur une "conscience biosphérique", interconnectée, amplifiée par les nouvelles technologies...

 

"La perfection des moyens et la confusion des buts semblent caractériser notre époque", constatait Einstein. Un visionnaire!

 

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M
<br /> Je reconnais bien la un thème évoque ensemble il ya quelques semaines... Merci ma douce Sandra pour ces réflexions très pertinentes ! A défaut de te voir ou de t'entendre, je lis tes mots et au<br /> travers d'eux je te retrouve ! Tu me manques ! A bientôt ! Je tembrasse ainsi que toute ta petite famille en attendant de vous retrouver très vite !<br /> <br /> <br />
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